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Alexander Fleming
Les antibiotiques

"200 récits d'innovateurs". Un nouveau livre de Guy Aznar. (Editeur en attente)

Comment lui est venue son idée ?

Le 3 septembre 1928, voici la scène symbolique de l'innovation : Fleming revient de deux semaines de vacances. Il était déjà bien connu à cette époque en raison de ses premières découvertes, (il enquêtait sur les propriétés des staphylocoques) mais il avait la réputation d'être un chercheur remarquable mais négligent : il oubliait le plus souvent les cultures sur lesquelles il travaillait et son laboratoire était d'habitude en plein désordre. De plus, pendant son absence une fenêtre était restée entre ouverte et beaucoup de ses boîtes de culture avaient été oubliées.
De retour au laboratoire, il saisit les boîtes et il remarqua une chose curieuse (il n'en croit pas ses yeux) : dans l'une d'elles, les bactéries ont été limitées dans leur développement. Et c'est une moisissure qui s'est développée, c'est-à-dire un champignon, qui semble être la cause du phénomène. Il isola un extrait de la moisissure, l'identifia correctement comme appartenant au genre penicillium et appela cet agent "la pénicilline". 
Alexander Fleming comprit l'importance du phénomène. Il ne se contenta pas d'observer un "accident", il développa une démarche scientifique pour en tirer les conséquences. Il étudia avec succès ses effets sur un grand nombre de bactéries et remarqua qu'il agissait contre des bactéries comme les staphylocoques. Puis, à propos de sa découverte, il publia en 1929 dans le British Journal of Experimental Pathology un article qui, curieusement, sur le moment, attira peu l'attention. 
En fait, les grandes entreprises pharmaceutiques qui avaient fait de lourds investissements dans la production des sulfamides (un produit concurrent) ont organisé un frein systématique à ses recherches. 
Il a fallu attendre une dizaine d'années pour que d'autres chercheurs se penchent avec Fleming sur cette substance nouvelle et cherchent des solutions pour l'exploiter industriellement. 
Fleming associé au chimiste Chain et au pharmacologue Florey se sont mis à l'ouvrage pour extraire, purifier, stabiliser, concentrer et organiser la production de la pénicilline en quantité suffisante.
Howard Florey dirigeait une grande équipe de chercheurs à l'université d'Oxford. L'équipe avait auparavant travaillé sur le lysozyme de Fleming et Florey avait lu l'article de Fleming qui décrivait les effets antibactériens de la pénicilline. Ernst Chain trouva la façon d'isoler et de concentrer la pénicilline et il en théorisa correctement la structure. 
Norman Heatley eut l'idée de transférer dans l'eau le composant actif de pénicilline pour changer son acidité. Il put alors produire assez de médicament pour commencer à faire des tests sur les animaux.
En 1942, Fleming prend le risque d'injecter la pénicilline à l'un de ses amis atteints de méningite : il est sauvé, alors qu'un an auparavant, dans un cas similaire, un malade n'a pas survécu faute d'avoir disposé d'une quantité suffisante de pénicilline.
En 1943, il réussit à guérir complètement Keith Rogers ; ce cas clinique remarquable montrait alors qu'il pourrait être intéressant pour un chimiste de continuer dans cette voie et de mettre au point une forme stable de pénicilline.
C'est seulement alors qu'on pu commencer ce travail immense et révolutionnaire.
Grace à la conjonction de son sens de l'observation et d'avoir su motiver et mobiliser d'autres chercheurs, Fleming a effectué une découverte considérable. 
Sa découverte a marqué le début du développement des antibiotiques modernes. La découverte de la pénicilline a été considérée comme la découverte la plus importante du millénaire. On évalue le nombre de vies sauvées par cette découverte à près de 200 millions.
En 1945, Fleming est co-lauréat avec Florey et Chain du prix Nobel de médecine.

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