La créativité
avec Guy Aznar
Louis Renault
Constructeur automobile
"200 récits d'innovateurs". Un nouveau livre de Guy Aznar. (Editeur en attente)
Comment lui est venue son idée ?
En 1891, alors que Louis est âgé de 14 ans, passionné de mécanique et d'électricité, il installe un atelier au fond du jardin de la résidence secondaire familiale à Boulogne-Billancourt près de Paris. Il modifie un moteur Panhard, multiplie les inventions, dessine inlassablement des plans, dépose ses premiers brevets. Il passe une grande partie de son temps dans l’atelier où Léon Serpollet fabrique des moteurs de voiture à vapeur.
Ce n'est qu'en 1898, à l'âge de 21 ans, qu'il construit, sa première voiturette, la Renault Type A, en modifiant un tricycle De Dion-Bouton pour y ajouter une quatrième roue, une transmission par cardan, une boîte à trois vitesses avec la troisième en « prise directe» de son invention et une marche arrière, le tout capable de rouler à 45 km/h.
Le 24 décembre 1898, lors du réveillon de Noël avec ses frères et des amis, en gravissant au volant de sa petite voiture devant une foule étonnée la rue Lepic, il reçoit ses douze premières commandes assorties d'un acompte de soixante louis d’or.
Il décide de devenir constructeur d’automobiles.
Quelques mois plus tard, il dépose le brevet de la boîte de vitesses à « prise directe », qui va être à l'origine de sa fortune en étant adoptée par tous les constructeurs automobiles de l'époque.
Le 25 février 1899, ses deux frères Marcel et Fernand fondent la société Renault Frères en apportant chacun la moitié du capital, sans croire véritablement ni à l'automobile ni au génie de leur frère. Louis n'est pas associé, simple salarié mis à l'épreuve et bénéficiaire de son brevet. Marcel se charge de l'administratif et Louis se consacre complètement à la conception et la construction des voitures. À la fin de la première année, 76 voiturettes sont produites et vendues.
Pilote de course automobile
En août 1899, Louis participe avec Marcel au départ de la course Paris-Trouville et obtient sa première victoire. Les frères Renault gagnent dans la foulée Paris-Ostende, Paris-Rambouillet, Paris-Toulouse-Paris, tout en achevant la même année la construction de la première voiture à conduite intérieure.
En 1902 les usines Renault s'étendent sur 7.500 m2 à Boulogne-Billancourt, avec plusieurs modèles au catalogue. Louis présente son premier moteur Renault, 24 ch, 4 cylindres.
En 1903, Louis perd son frère Marcel, victime d’une sortie de route lors de la course automobile Paris-Madrid. Traumatisé par cette mort, il abandonne la compétition et recrute des pilotes expérimentés pour piloter ses voitures partout dans le monde.
En 1905, la société reçoit sa première grosse commande : 250 taxis. Louis transforme ses installations artisanales en industrie de production de série et devient le premier constructeur automobile français. Deux ans plus tard, un taxi sur deux en France est une Renault qui s'exporte avec succès jusqu'à New York et Buenos Aires.
En 1906, Louis se lance avec succès dans sa seconde passion, la fabrication de moteurs d'avion qui battent record sur record dans les airs. Louis Renault devient, à 32 ans, seul héritier de la fortune familiale et seul maître de sa société qu'il rebaptise « société des automobiles Louis Renault ». Il est très inventif et ses voitures sont de plus en plus efficaces.
Première Guerre mondiale
Les usines de Billancourt sont en partie fermées au moment de la mobilisation, en août 1914. Mais les exigences de la Défense Nationale et la rapide avancée de l'armée allemande contraignent les autorités à rouvrir l'entreprise. En septembre, 1.200 taxis Renault sont réquisitionnés par le général Joseph Gallieni pour envoyer des renforts à l'armée du général Maunoury et stopper ainsi l'avancée allemande. Ils entrent ainsi dans la légende sous le nom de « taxis de la Marne ». Ses camions servirent aussi à transporter l'approvisionnement de Verdun par "la Voie sacrée" en 1916.
En 1917, avec l'appui du général Jean Estienne, l'industriel dessine et construit le premier char mitrailleur léger Renault dont les qualités remarquables contribuent à la victoire finale de 1918.
La pénibilité des conditions de travail (onze heures par jour, sept jours sur sept jusqu'en 1917), la lassitude de la guerre et le coût élevé de la vie, entraînent d'importants mouvements sociaux, surtout en 1917, à Paris, Billancourt et dans toute la région parisienne. C'est à la fin de la guerre que Louis Renault imagine plusieurs projets sociaux, notamment l'accession à la propriété de la classe ouvrière, le développement des transports péri-urbains, la création de cités-jardins ou encore l'institution de commissions régionales paritaires, patronales et ouvrières.
En 1921, Louis Renault transforme la « société anonyme des usines Renault» en empire industriel et fait entrer une banque dans son capital pour tenir tête à la concurrence mondiale. À l'image de Ford, Renault acquiert l'ensemble des éléments utiles à son développement : fonderies, forges, carrières de sable, domaine forestier, scierie, aciers, carton, caoutchouc, huiles, lubrifiants, matériel électrique, etc.
Il entre également en compétition effrénée dans tous les domaines industriels et techniques avec son grand rival André Citroën aux dépens des petits constructeurs qui disparaissent progressivement.