Pour inventer, on peut opérer une connexion "horizontalement", entre différents territoires du cortex, par exemple en effectuant des analogies ou des "connexions forcées" entre des territoires voisins. Mais on peut également naviguer "verticalement", en s'efforçant d'opérer une rencontre entre différents niveaux de l'inconscient.
La théorie des "trois cerveaux".
Il ne s'agit pas bien entendu, de décrire des entités séparées du cerveau. C'est seulement dans un but pédagogique que l'on trouve utile de les citer. Nous considérons cette présentation comme une métaphore
Il est clair que les diverses instances du cerveau s'enchevêtrent et se fondent dans la zone confuse de l'intuition, à la vitesse électrique de la lumière.
Selon cette présentation pédagogique, donc, on considère que tous les êtres humains naissent avec un cerveau divisé en trois parties, comme le rappelle notre collègue Clotaire Rapaille[1] :
"- Une première partie, le cortex, les hémisphères cérébraux, s'occupe de l'apprentissage, de la pensée abstraite. Le cortex est l'endroit où réside la logique et où s'opère le raisonnement sophistiqué.
- Une autre partie du cerveau est le système limbique siège des émotions.
- Le troisième niveau, le cerveau reptilien nous programme pour deux tâches majeures : la survie et le reproduction. C'est celui qui a l'influence la plus puissante. C'est la zone qui se situe au niveau le plus profond de l'inconscient".
Imaginons un processus de connexions "vertical" entre ces différents niveaux.
Comme le dit Arthur Koestler [2] : « Dans la pensée banale nous scrutons à la périphérie du conscient; dans la pensée créatrice nous scrutons les profondeurs, et apparemment sans guide"…"le créateur, navigue sur plusieurs niveaux de la conscience, c’est un plongeur des profondeurs muni d’un tube respiratoire».
Je saisis au vol cette métaphore du plongeur : Imaginons, donc, un plongeur qui se prépare à se déplacer dans les différentes profondeurs du cerveau :
Au niveau du cortex, avant de plonger, il est en surface : il navigue dans les eaux du conscient. Il produit méthodiquement des idées selon un processus logique, rationnel.
Par exemple il effectue des matrices, lui permettant de confronter en abscisses en ordonnées différents paramètres du problème. Il alterne inductions et déductions. Elargissant son champ de réflexions logiques, il décide d'explorer le champ analogique.
Niveau 1) Pour commencer sa plongée, dans une zone proche du cortex, il utilise un masque et un tuba
lui permettant ne naviguer à proximité de la surface, entre deux eaux, alternant les niveaux, parfois au dessus, parfois en dessous. Il utilise la technique du brainstorming. (voir notre article). Pour aller "en dessous", il utilise la consigne "suspendez votre jugement", lui permettant de proposer des idées tout à fait "déraisonnables". Puis, s'il le faut, il remonte, jette un œil aux contraintes de la surface, lance une idée et replonge aussitôt.
2) Puis, il décide de plonger un peu plus profond. Il utilise une combinaison de plongée équipée d'un bouteille.
Cette fois il va explorer le cerveau limbique. Il va chercher des idées plus émotionnelles, que l'on appelle "sensibles"[3], qui proviennent du "feeling". Il utilise des techniques projectives, intuitives, dans une zone floue. Le climat du groupe est plus émotionnel. Il cherche des idées plus originales,
Niveau 3 : Il décide finalement d'aller encore plus loin, d'aller chercher des idées qui viennent du niveau reptilien.
Cette fois il utilise un scaphandre relié à la surface par un tuyau respiratoire. Ce tuyau est comparable à l'écoute du coach qui accompagne le participant effectuant "une identification" (par exemple). D'autres techniques sont utilisées par les "scaphandriers" de l'inconscient, notamment : toutes les techniques oniriques, le rêve éveillé; les techniques graphiques abstraites, l'utilisation du parfum; les techniques faisant appel à l'expression poétique, la méditation, etc....on cherche des idées qui sont causées par des liens inconscients, profonds, dont on dit, après coup, qu'elles viennent " de nulle part"…
[1] Clotaire Rapaille. Culture codes. JC Lattès. 2006.
[2] Arthur Koestler. Le cri d'Archimède. op.cité
[3] cf notre livre "Guy Aznar, Stéphane Ely. " La posture sensible" .Amazone.
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