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Photo du rédacteurGuy Aznar

Vendredi


Le mot vendredi est issu du latin Veneris dies, signifiant « jour de Vénus ».

Dans les pays de langue germanique il est le jour de la déesse Frigg (Freitag en allemand, Friday en anglais) qui est l'équivalent de la déesse Vénus.

Cyclade,

la "société-femme".





J'ai consacré de nombreuses années de ma vie à la pratique d'une forme d'étude sociologique que l'on a appelée "EPSY" (pour études projectives Synapse), du nom de la société de créativité que j'ai animée pendant 40 ans. C'était une méthodologie qui constituait une réelle innovation. Historiquement, auparavant, pour connaître les désirs et les peurs des gens on interrogeait les gens en face à face pendant une heure ou deux, dans le cadre "d'interviews non directifs"[1].


L'innovation que nous avons apportée consistait à réunir les participants pour une plus longue durée (deux jours, en résidentiel) et à utiliser des techniques "projectives" (notamment dessins (individuels ou collectifs), rêves éveillés, scénographies, etc…).


Une vraie révolution dans les études qualitatives.











Nos clients étaient surtout de grandes entreprises dans le secteur de la grande consommation.

Mais il nous est arrivé également d'effectuer des études à caractère sociologique comme celle que nous allons décrire ici.

Il s'agissait d'inventer "le système social idéal"

Dans ce but, une centaine de personnes échantillonnées (hommes-femmes, en terme d'âge, d'opinions, de niveaux, etc.), étaient réunis sous forme de groupes d'une quinzaine de membres, pour deux jours, à Royaumont, un lieu magnifique où nous avions l'habitude de tenir nos sessions. En voici les principaux résultats condensés.

Les participants que nous avons consultés ont décrit quatre types de systèmes sociaux :

- le projet "collecta",

- le projet "écolo"

- le projet "ordiroc"

- le projet "Cyclade"




Projet un : le système "collecta".














Caractérisé par l'ordre et la justice sociale. Dans la devise de la République, ils ont valorisé ici, avant tout, la notion "d'égalité". Egalité économique, égalité dans l'accès au pouvoir et aux décisions collectives. Répartition des richesses organisée de haut en bas suivant un modèle distributif juste : à chacun selon ses besoins". Insertion des individus dans un système social cohérent.



Projet deux : le projet "écolo"
















Il met en avant, évidemment, la protection de la planète, le développement durable, le rejet des énergies fossiles, la sauvegarde de la bio-diversité, etc. Mais il comporte, en plus, une forte dimension affective et ludique. On recherche les échanges affectifs, les fêtes, le plaisir de vivre et "la qualité de la vie".




Projet trois : le progrès "ordiroc".














Dans le cadre de cette proposition, le progrès est constitué avant tout par le progrès technologique (notamment informatique) qui va résoudre les principaux problèmes de la société. L'alimentation de tous les hommes de la planète sera garantie par la science;

les problèmes écologiques seront résolus,

les problèmes de communication seront améliorés par les algorithmes de la relation bienveillante.


Aucun des participants, bien entendu, n'a choisi de manière exclusive l'un de ces scenarios qui constituent, selon eux, des polarités de l'organisation sociale idéale. Leur solution pourrait être décrite par un cocktail de ces trois scénarios.


Par rapport au modèle existant il s'agirait, d'ajouter un peu plus de justice sociale, un peu plus de considération aux thèmes écologistes, une forte intégration du progrès technologique, à condition qu'il intègre les valeurs des deux autres scenarios.

(Observons d'ailleurs que les programmes des candidats aux prochaines élections présidentielles présentent souvent un dosage particulier de ces trois ingrédients).


Oui mais…


La surprise de notre étude fut la découverte d'un quatrième scenario, tout à fait imprévu et qui constitue peut-être le cœur d'un véritable projet de société innovant .

C'est le projet que les participants ont baptisé :


"Cyclade", le projet de la société-femme :















Le projet Cyclade est avant tout un projet de rupture. Non pas, simplement, par rejet des autres scénarios, mais je dirais plutôt par lassitude : "on a déjà vu tout ça "

Il ne s'agit plus seulement de chercher un autre dosage entre le social et l'économie, entre la Nature et la technologie et plus globalement entre la Liberté et l'Egalité : il faut "changer le monde", il faut chercher ailleurs.

Quand nos participants imaginent les responsables politiques et sociaux reprendre éternellement les thèmes de "la justice sociale", couplée avec "le progrès économique", le "progrès technique", "tout en respectant les "équilibres de la Nature, leur impression est que "l'on reprend les mêmes concepts et on recommence".



L'ambition de Cyclade, "la société-femme", consiste à trouver un autre ressort de la société qui ne serait plus basée, comme dans "la société-homme" sur les rapports de forces (les luttes pour le pouvoir), mais sur la coopération, l'entraide, la solidarité.

Le projet décrit ici s'appelle Cyclade et il est personnalisé par une femme mais que l'on ne s'y trompe pas : ce n'est pas un projet "féministe", un projet sexué.

Ce n'est pas la description d'une société "dirigée par des femmes". C'est un projet qui repose sur "les valeurs/femme". C'est un projet où hommes et femmes, main dans la main, ont réussi à retrouver les valeurs/femmes qui sont communes à tous.

Des hommes et des femmes qui ne sont plus programmés par leur cerveau archaïque, leur cerveau reptilien, siège de l'agressivité et de la volonté de puissance mais par le cerveau limbique, siège des émotions dont la fonction est la bonne adaptation à l'environnement social.

Plus encore, des hommes et des femmes qui s'appuient sur le néo-cortex, la partie de notre cerveau qui nous permet de comprendre l'autre dans sa différence et finalement de développer des attitudes de paix vis-à-vis d'autrui. Ils peuvent ainsi dépasser les conflits, les violences et les guerres; développer des valeurs d'écoute, de patience, de tolérance et de coopération.

Globalement, il existe deux mécaniques sociales : l'une est la dialectique, l'autre est la force du cycle.

La dialectique, en principe, c'est l'art du dialogue entre deux personnes qui ont des idées différentes et qui cherchent sereinement à se convaincre mutuellement. Mais dans la pratique c'est devenue un mouvement de pensée où le dialogue se produit de manière discontinue, par l'opposition, la confrontation, le conflit, où l'aboutissement n'est plus "la vérité" mais la victoire de l'un sur l'autre.

Là où la dialectique d'Hegel était essentiellement idéaliste, elle est devenue le symbole des contradictions socio-économiques, le moteur conflictuel de l'histoire.

La dialectique est basée sur l'affrontement, la confrontation entre deux pôles : le pôle plus et le pôle moins, qui produit un éclair, qui entraîne l'électrolyse; c'est l'éclatement du moteur à explosion. C'est l'opposition de la thèse et de l'antithèse, le principe des contradictions, c'est le moteur de l'histoire dialectique, "essentiellement critique et révolutionnaire". C'est l'opposition historique et répétitive des partis politiques dans une démocratie.

Elle débouche essentiellement sur la lutte pour le pouvoir, sur la rivalité mimétique des frères, des égaux, des concurrents; des forts sur les faibles, des hommes sur les femmes.

En gros, la dialectique c'est la trame du temps linéaire, le moteur de l'histoire, ça marche, c'est comme le moteur à explosion : ça fait avancer, mais c'est polluant.

Depuis le temps qu'on a vu fonctionner la dialectique avec sa mécanique de guerres et de révolutions, on a envie de changer et d'essayer un autre ressort. Comme l' ont dit nos participant(e)s :

"on en a marre de s'entretuer pour avoir le pouvoir!"

Car il existe d’autres conceptions du temps. De nombreuses écoles de pensée estiment que le temps n'est pas linéaire mais cyclique.

Non pas un cycle qui tournerait sur lui-même en éternel recommencement mais un cycle qui se décalerait légèrement au fil du temps. Le cercle deviendrait peu à peu une spirale ascensionnelle (comme un escalier en spirale qui monte) et évoluerait paisiblement sans conflits comme le cycle de la vie.

Le projet n'est pas seulement un projet politique mais un projet philosophique qui traduit la volonté de marquer la rupture entre deux mondes.

L'ancien monde repose sur "le progrès" (sans que l'on précise vers quel type de progrès) et sa promesse de bonheur par la technologie.

Et un nouveau monde dont on ressent la complexité, où de nouvelles formes d'organisation sont encore à inventer, avec pour seuls repères des valeurs de coopération qui ne sont pas l'apanage des hommes mais partagées à égalité entre les hommes et les femmes.

Ne recommençons pas sans cesse les mêmes histoires, ne recommençons pas l'Histoire sur les mêmes pas.

En résumé disaient nos participantes, changeons de valeurs, changeons pour de bon, changeons de cycle: "Votez "Cyclade"!

[1] une technique inventée par le psychologue américain Rogers

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