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Photo du rédacteurGuy Aznar

Outils #5 : Les méthodes oniriques (et le recours à l'inconscient)

Dernière mise à jour : 19 août 2023

1) Théorie.

Dire que l'on utilise les productions du rêve, signifie que l'on accepte d'utiliser les productions de l'inconscient.

Plus précisément, pour parvenir à la création, il faut faciliter entre le conscient et l'inconscient :

- a) une alternance, page 1

- b) des "combinaisons", page 3

- c) une exploration à différents niveaux de "profondeur". page 4


a) L'alternance.

Henri Poincaré (que l'on peut considérer comme le véritable inventeur du processus créatif) a été le premier à décrire (en 1905) dans un texte autobiographique la naissance d'une découverte due à une alternance claire entre le conscient et l'inconscient réparties sur plusieurs jours.

Nous pensons explicatif d'en raconter la genèse[1].

Niveau conscient

"Je vais vous raconter comment j'ai écrit mon premier mémoire sur les fonctions fuchsiennes… depuis quinze jours je m'efforçais de démontrer qu'il ne pouvait exister aucune fonction analogue à ce que j'ai appelé les fonctions fuchsiennes…tous les jours je m'asseyais à ma table de travail, j'y passais une heure ou deux, j'essayais un grand nombre de combinaisons, je n'arrivais à aucun résultat"

niveau inconscient

"un soir je pris du café noir, contrairement à mes habitudes; je ne pus m'endormir; les idées surgissaient en foule; je les sentais comme se heurter jusqu'à ce que deux d'entre elles s'accrochassent pour ainsi dire, pour former une combinaison stable"

niveau conscient

"le matin j'avais établi l'existence d'une classe de fonction fuchsiennes, celles qui dérivent de la série hypergéométrique, je n'eus plus qu'à en rédiger les résultats… Je voulus ensuite représenter ces fonctions par le quotient de deux séries, cette idée fut parfaitement consciente et réfléchie…et j'arrivai sans difficultés à former les séries que j'ai appelées tétra-fuchsiennes…"

niveau inconscient

"A ce moment je quittais Caen pour prendre part à une course géologique… les péripéties du voyage me firent oublier mes travaux mathématiques..nous montâmes dans un omnibus.. au moment où je mettais le pied sur le marchepied, l'idée me vint sans que rien de mes pensées antérieures parut m'y avoir préparé que les transformations dont j'avais fait usage sont identiques à celles de la géométrie non euclidienne… j'en eus tout de suite une entière certitude.."

niveau conscient

"de retour à Caen, je vérifiai le résultat à tête reposée…

Je me mis alors à étudier les question d'arithmétique sans soupçonner que cela pût avoir le moindre rapport"

niveau inconscient

"j'allais passer quelques jours au bord de la mer et je pensai à autre chose. Un jour en me promenant sur une falaise l'idée me vint, toujours avec les mêmes caractères de brièveté, de soudaineté et de certitude immédiate, que les transformations arithmétiques des formes quadratiques ternaires indéfinies sont identiques à celles de la géométrie non euclidienne"

niveau conscient

"Etant revenu à Caen, je réfléchis sur ces résultats et j'en tirai les conséquences…mais tous mes efforts ne servirent d'abord qu'à mieux me faire connaître la difficulté… tout ce travail fut partiellement conscient."

niveau inconscient

"là-dessus je partis pour le mont Valérien… un jour, en traversant le boulevard, la solution de la difficulté qui m'avait arrêté m'apparut tout à coup. Je ne cherchai pas à l'approfondir immédiatement…"

niveau conscient

"ce fut seulement après mon service que je repris la question. j'avais tous les éléments.. je rédigeai donc mon mémoire définitif d'un trait et sans aucune peine."

Ce qui frappe dans cette description proposée par Poincaré ce sont ces apparences d'illumination subite, signes manifestes d'un long travail inconscient antérieur. Comme il le dit lui-même : "le travail inconscient n'est fécond que s'il est précédé et suivi par une période de travail conscient". Tous ces efforts ont mis en branle la machine inconsciente et sans eux elle n'aurait pas marché"


D'autres rythmes d'alternance

Il faut noter cependant, concernant les interactions entre la sphère du conscient et celle de l'inconscient décrites par Poincaré, que d'autres formes ont été décrites par différents inventeurs dans des circonstances très différentes, à des rythmes très variés.

Par exemple, dans le cas de Kekulé[2], l'interaction ne s'est pas produite sur plusieurs jours mais le jour même . Il raconte :

"M'étant endormi l'après-midi, je fis le songe suivant : "je tournai ma chaise vers le feu et je m'assoupis. Les atomes continuaient de gambader devant mes yeux. Cette fois les petits restaient au fond… mon regard mental aiguisé par des visions répétées de cette sorte pouvaient maintenant distinguer de plus grands structures de conformations multiples; de longues rangées parfois étroitement ajustées; le tout avec des ondulations et contorsions de serpent… Mais soudain que se passe-t-il ? L'un des serpents a saisi sa queue et la forme s'est mise à tourbillonner de façon moqueuse sous mes yeux.

Comme en un éclair je m'éveillai".

Le serpent enroulé avait fourni à Kekule en un instant la clé d'une découverte dont a dit qu'elle était "la plus brillante production de la chimie organique et l'une des pierres angulaire de la science moderne" (Arthur Koestler[3])


Dans le cas de Loewi l'interaction s'est produite sur plusieurs dizaines d'années:

Il s'agit de la découverte de la transmission chimique des impulsions nerveuses par Loewi en 1920. En 1903, au cours d'une discussion avec un ami, Loewi eut l'idée que les agents chimiques contenus dans certaines drogues pouvaient être présents dans les terminaisons nerveuses.

Quinze ans plus tard, il lui arriva de préparer deux cœurs de grenouilles continuant à battre dans des solutions de sel… L'expérience faite, il n'y pensa plus.

Des années passèrent... "Une nuit je m'éveillai, j'allumai et je griffonnai quelques notes sur une feuille de papier que je fus incapable de relire le matin".

La nuit suivante, l'idée revint : c'était le plan d'une expérience destinée à montrer l'hypothèse de la transmission chimique dont j'avais formulée 17 ans auparavant. J'allais au laboratoire et procédai à une expérience…."

L'histoire de cette découverte montre qu'une idée peut sommeiller plus de dix ans dans l'inconscient et revenir soudain


b) Les combinaisons

Il ne s'agit pas seulement d'organiser l'alternance entre le conscient et l'inconscient, encore faut-il faciliter la rencontre, voire le conflit, entre ces deux niveaux.

A nouveau, citons à nouveau Poincaré :

Il prend pour point de départ l’observation montrant que la découverte mathématique consiste en une combinaison d’idées :

« parmi les combinaisons choisies, les plus fécondes seront souvent formées d’éléments provenant de domaines fort éloignés. Parmi les combinaisons ainsi formées, presque toutes sont sans intérêt et sans utilité. Quelques une seulement sont harmonieuses et par suite à la fois utiles et belles".

Ces combinaisons sont agencées par l’inconscient [4] : mais comment ?

Il passe à l'hypothèse : l’inconscient est un automate qui passe automatiquement au crible toutes les combinaisons possibles.

« représentons-nous les éléments futurs de nos combinaisons comme quelque chose de semblable à des atomes. Pendant le repos complet de l’esprit, ces atomes sont immobiles, ils sont pour ainsi dire "accrochés aux murs". Pendant une période de repos apparent et de travail inconscient, quelques uns d’entre eux se sont détachés du mur et mis en mouvement. Ils sillonnent dans tous l’espace comme pourraient le faire une nuée de moucherons : leurs chocs mutuels peuvent alors produire des combinaisons nouvelles".

Avec cinquante ans d'avance, Poincaré a l'intuition du processus de l'invention que tous les auteurs ultérieurs ont désigné comme un processus de combinaison, appelé parfois "connexion", "bissociation", "croisement", "dialogique", etc…

Effectivement, la créativité c'est l'art des connections.


c) il faut plonger dans l'inconscient à différents niveaux de profondeur.

Pour inventer, on peut opérer une connexion "horizontalement", entre différents territoires du cortex, par exemple en effectuant des analogies ou des "connexions forcées" entre des territoires voisins. Mais on peut également naviguer "verticalement", en s'efforçant d'opérer une rencontre entre différents niveaux de l'inconscient.

La théorie des "trois cerveaux".

Nous considérons cette présentation comme une métaphore. Il est clair que les diverses instances du cerveau s'enchevêtrent et se fondent dans la zone confuse de l'intuition, à la vitesse électrique de la lumière. Selon cette présentation pédagogique, donc, on considère que tous les êtres humains naissent avec un cerveau divisé en trois parties, comme le rappelle notre collègue Clotaire Rapaille[5] (Il ne s'agit pas bien entendu, de décrire ici des entités physiquement séparées du cerveau. C'est seulement dans un but pédagogique que l'on trouve utile de les citer).

"- Une première partie, le cortex, les hémisphères cérébraux, s'occupe de l'apprentissage, de la pensée abstraite. Le cortex est l'endroit où réside la logique et où s'opère le raisonnement sophistiqué.

- Une autre partie du cerveau est le système limbique siège des émotions.

- Le troisième niveau, le cerveau reptilien nous programme pour deux tâches majeures : la survie et le reproduction. C'est celui qui a l'influence la plus puissante. C'est la zone qui se situe au niveau le plus profond de l'inconscient".

Imaginons un processus de connexions "vertical" entre ces différents niveaux.

Comme le dit Arthur Koestler [6] : « Dans la pensée banale nous scrutons à la périphérie du conscient; dans la pensée créatrice nous scrutons les profondeurs, et apparemment sans guide"…"le créateur, navigue sur plusieurs niveaux de la conscience, c’est un plongeur des profondeurs muni d’un tube respiratoire».

Saisissons au vol cette métaphore du plongeur : imaginons, donc, un plongeur qui se prépare à se déplacer dans les différentes profondeurs du cerveau :

Au niveau du cortex, avant de plonger, il est en surface : il navigue dans les eaux du conscient.

Il produit méthodiquement des idées selon un processus logique, rationnel.




Par exemple il effectue des matrices, lui permettant de

confronter en abscisses en ordonnées différents paramètres

du problème.

Il alterne inductions et déductions. Elargissant son champ,

il décide d'explorer le champ analogique.




1) Pour commencer sa plongée, dans une zone proche du cortex, il utilise un masque et un tuba lui permettant ne naviguer à proximité de la surface, entre deux eaux, alternant les niveaux, parfois au dessus, parfois en dessous. Il utilise la technique du brainstorming. (voir notre article sur le site). Pour aller "en dessous", il utilise la consigne "suspendez votre jugement",

lui permettant de proposer des idées tout à fait

"déraisonnables". Puis, s'il le faut, il remonte, jette un œil

aux contraintes de la surface, lance une idée et replonge aussitôt.



2) Puis, il décide de plonger un peu plus profond. Il utilise une combinaison de plongée équipée d'un bouteille.

Cette fois il va explorer le cerveau limbique. Il va chercher des idées plus émotionnelles, que l'on appelle "sensibles"[7], qui proviennent du "feeling". Il utilise des techniques

projectives, intuitives, dans une zone floue.

Le climat du groupe est plus émotionnel.

Il cherche des idées plus originales.



3) : Il décide finalement d'aller encore plus loin, d'aller chercher des idées qui viennent du niveau reptilien.

Cette fois il utilise un scaphandre relié à la surface par un tuyau respiratoire. Ce tuyau est comparable "symbo-liquement aux techniques qui sont utilisées par les "scaphandriers"de l'inconscient : les techniques oniriques, le rêve éveillé; les techniques graphiques ,

les techniques faisant appel à l'expression poétique,

à la méditation, etc...On cherche des idées qui sont

causées par des liens inconscients, profonds, dont on dit,

après coup, …qu'elles viennent " de nulle part

2) Mode d'emploi


a) Profitez de la nuit

Vous avez été obsédé toute la journée par votre recherche d’idées, Vous avez peut-être décidé de travailler le soir après le dîner...vous avez travaillé sur le sujet toute la soirée, vous en avez « la tête pleine » ? Au moment du coucher, rappelez-vous les points-clés et les images liées à votre sujet de recherche

Profitez de la nuit pour rêver à votre sujet et trouver des idées !

Avant de vous endormir, repensez à votre thème de recherche et concentrez-vous sur votre sujet, refaites une imprégnation du problème, par exemple une visualisation intérieure du problème, pour « programmer » vos rêves nocturnes.

Ayez un carnet à portée de la main, un crayon, une lampe de poche.

Si vous vous réveillez pendant la nuit, notez en style télégraphique les mots-clés, les bouts d’idées fugaces et invraisemblables qui vous passent par la tête (pardon pour le conjoint...).

Mais le meilleur moment, c’est le réveil, cet intervalle où vous êtes entre les rêves de la nuit et la réalité du jour.

Le moment où se confondent la liberté de l'imaginaire et les contraintes de la réalité.

De nombreuses inventions sont nées à cet instant précis.

Replongez la tête dans l’oreiller quelques minutes supplémentaires avant de vous lever, et restez à l’affût : l’idée va peut-être surgir au coin de l’oreiller !


b) Embarquez-vous avec vos rêves

Généralement les rêves nous viennent indépendamment de notre volonté, c'est même leur caractéristique essentielle.

Ils surgissent de notre inconscient, parfois ils nous réveillent, parfois ils nous endorment, parfois nous nous en souvenons, et parfois non !

Nous vous proposons aujourd'hui de travailler sur une catégorie de rêves particuliers : les rêves faits « sur commande », fabriqués « à volonté », et mis en « stock ou en réserve ».On les appelle "les rêves d'envol".…

En fait ce ne sont pas des rêves : ce sont des rêveries, qui vous servent à vous endormir.

Lorsque l'insomnie vous guette alors que vous êtes envahis par les soucis du quotidien, il vous arrive de vous plonger volontairement dans un univers onirique familier, où vous retrouvez vos repères où personne ne viendra vous déranger, avant de pouvoir ensuite glisser tranquillement dans le sommeil.

Pour votre recherche d’idées, partez d’un de ces « rêves en stock » et pratiquez ensuite un rêve éveillé.

Avez-vous l'habitude de compter les moutons pour vous endormir?

C'est la méthode la plus sommaire utilisée pour vous embarquer dans la nuit. Mais il y a mieux : il s'agit de vous programmer vers des zones de rêves favorables. Choisissez des thèmes éloignés de votre vie quotidienne, de vos soucis, préoccupations, et réflexions intellectuelles. Préférez des thèmes répétitifs, des architectures qui n'en finissent pas, des routes en lacets où vous allez découvrir des paysages que vous ne connaissez pas.

Exemples : Einstein raconte qu'il a eu l'idée de sa généralisation sur l'Espace-Temps alors qu'il était au lit, à moitié réveillé; Descartes a fait ses découvertes le matin au lit; l'ingénieur Brindley raconte que lorsqu'il butait sur un problème, il restait couché jusqu'à ce qu'il trouve; Walter Scott écrivait à un ami : "la demi-heure entre mon réveil et mon lever a été toute ma vie, propice aux tâches les plus ardues. C'est toujours en ouvrant les yeux que j'ai vu arriver en foule toutes les idées que je désirais";


c) Faites un rêve éveillé dirigé accompagné

Parler de rêve "éveillé" est une sorte d'oxymore, une proposition a priori absurde.

C'est pourtant la voie que nous vous proposons d'emprunter.

Le "rêve éveillé dirigé" est une méthode qui a été fondée par Robert Desoille (1890-1966) qui est utilisée en psychothérapie. A l’origine, c'est un processus de développement des potentialités. Petit à petit, Desoille a affiné sa théorie : il proposait souvent de remplacer des images négatives par des images positives, pour déclencher un processus de transformation. Ce qui demeure de sa méthode c'est l’intérêt porté aux possibilités extraordinaires de « l’imaginaire mis en mouvement ».

Dans le domaine de la recherche d'idées, nous avons détourné la méthode du rêve éveillé, en l'orientant exclusivement vers la recherche de solutions à un problème.

En fait, il faudrait parler de "rêverie" plutôt que de rêve.

Dans la "rêverie", le chercheur d'idées est détendu mais éveillé et laisse venir à lui un flux d’images, d'émotions spontanées, comme dans un rêve ou une association libre. Les images qui lui apparaissent s'enchaînent dans une sorte de scénario improvisé.

Le "rêve éveillé accompagné" se pratique à deux (votre conjoint? un ami? un coach?). Le partenaire du rêveur écoute mais participe également au rêve, il soutient le rêveur, il propose éventuellement des bifurcations, des issues.

Il lui rappelle le sujet. Il facilite le voyage, il intervient en cas de "panne".

C'est une sorte de créativité individuelle "soutenue" par un partenaire, où le rêveur accepte les interventions tout en cherchant des idées. C’est une méthode nécessitant un entraînement mais extrêmement passionnante à vivre.

Mise en œuvre : mettez-vous en condition; préparez-vous à rêver. Installez un fauteuil relaxant ou posez au sol des coussins. Organisez le silence autour de vous. Une rêverie éveillée est caractérisée par les « 3 V » : Voir : il s'agit pour la personne de voir quelque chose (paysage, animaux, personnages, objets, etc.); Vivre : la personne y vit des sentiments et des émotions: Verbaliser : la personne décrit tout ce qu'elle voit au fil de son rêve-éveillé.


d) faites une identification

L'identification est l'une des méthodes les plus intrigantes de la créativité. C’est aussi l'une des plus riches, des plus "planantes", des plus implicantes émotionnellement : identifiez-vous au problème pour lequel vous cherchez des idées; ne le considérez plus de l’extérieur, essayez d’être « dedans » : "je suis un mur, je suis un pare-choc, je suis un ouvre-boîtes, etc…)

L’inventeur de la méthode Synectique, W.J.J Gordon, a été l’un des premiers à intégrer cette approche, et a décrit de nombreux exemples où cette technique a été source d’une invention. « L'identification, écrit Gordon, consiste pour le chercheur à s’identifier totalement aux termes de son problème… Le chimiste rendra son problème insolite s’il s’identifie aux molécules en action... Le technicien inventif s’imagine être une molécule dansante, il se laisse attirer et repousser par les forces moléculaires, il se laisse emporter dans le tourbillon, il échappe à la condition humaine pour assumer l’aventure d’une molécule ».

L’identification n’a de sens que si on la vit d’une manière impliquée, « pour de vrai ».

Comme l’écrit Stanislavski à propos de l’identification de l’acteur à son personnage,

«vous devez le vivre en éprouvant réellement les sentiments qui s’y rapportent… les images que vous produisez créent un état intérieur correspondant et soulèvent des émotions ».

Fermez les yeux, essayez de vous identifier tour à tour à chaque élément du problème.

Racontez l'histoire du problème : "Je suis une tuile de toit, je me chauffe, je me sens brulante…" Puis, cherchez une idée : "je me dilate avec la chaleur, je change de couleur, je reflète la chaleur, la chaleur pénètre moins dans la maison…"

Les idées vont vous venir malgré vous. Du « dedans ».

La mise en œuvre de l’identification demande un certaine pratique de l'animation. Elle suppose un bon entraînement des participants, à la fois de celui qui se projette mais aussi de ceux qui l’écoutent et doivent faire du croisement en même temps.

Mise en œuvre :


En général, on installe le rêveur sur des coussins, sur le dos, le groupe faisant cercle

autour de lui. On lui met un bandeau sur les yeux. On peut faire précéder le voyage par une relaxation. Celui qui fait l’identification va essayer, dans ce climat privilégié, d’exprimer ce qu’il ressent dans la situation imaginaire où il serait l’un des éléments du problème

je suis un pneu, je glisse sur une route mouillée, je danse légèrement, etc. »).

L’animateur a un rôle de soutien non directif, soit

silencieux, soit relançant au niveau du vécu :

« qu’est-ce que tu sens… qu’est-ce que tu vois en

ce moment ? ».

On peut faire plusieurs identifications à la suite, sur différents éléments du problème.

L'ensemble du groupe, attentif, crayon en mains, essaie d'établit des connexions instantanées pendant cette séquence


e) Dans le brouillard

Le flou, c'est précisément la situation psychologique que nous cherchons à atteindre, celle où nous cherchons à explorer des idées dans une zone aux contours vagues, où l'on ne sait pas très bien où l'on est, où l'on dit que l'on est "dans le brouillard". Un participant dans un groupe a parlé d'un moment "entre chien et loup".

Les idées elles viennent surtout à ce moment où les lambeaux de rêve flottent dans la tête, tandis que le problème qui vous obsède se rappelle à votre souvenir.

Pour vous approcher de ce lieu propice à la naissance des idées, utilisez la métaphore d’une île dans le brouillard :

"Devant vous, il y a un île…essayez de deviner sa forme globale, puis au fur et à mesure que le brouillard se dissipe devinez son relief, soufflez sur le brouillard pour la voir apparaître en entier, soufflez encore pour en voir les détails, les couleurs… ». N’allez pas trop vite et si nécessaire, faites revenir le brouillard.

- Faites l'hypothèse que l'idée que vous cherchez, le résultat de la recherche, est posé sur cette île, sur un rocher, sur un présentoir.

- Essayez de la deviner peu à peu, très lentement, tandis que se dissipe le brouillard."

Et notez…


f) Organisez des rêves parties

Invitez des amis, un soir, à pratiquer une expérience originale : le rêve éveillé collectif. (Ils vont en raffoler…). Installez-vous assis en cercle, en silence, avec un peu de musique planante.

Si vos amis sont tout à fait novices, expliquez-leur le principe de l’association : « On ferme les yeux, on parle par images. Consacrez du temps à un petit entraînement.

Puis lancez un thème : « Nous allons visiter une planète » ou bien « Nous descendons un fleuve », etc.

Au début, le débit sera lent, certains seront peut être intimidés… alors lancez le mouvement ! Mais acceptez les silences. Le rêve doit être une aventure « impliquée », vécue. Proscrivez les plaisanteries provocatrices. Facilitez les associations, faites en sorte que chacun participe, à son rythme.

Enregistrez la séance. Vous verrez, chacun voudra garder l’histoire car c’est parfois très beau.

Lorsque vous serez bien entraînés, faites un rêve éveillé sur le thème de votre recherche d'idées, enregistrez-les et réécoutez-les, en notant les idées spontanées qui vont vous apparaître.


g) Projetez-vous dans le futur !

Vous cherchez des idées pour le développement de votre commune ? Vous voulez conseiller des jeunes sur leur métier d’avenir ? Vous cherchez des idées pour votre association, pour votre parti politique ? Vous cherchez un nouveau produit? Un nouveau service?

Imaginez le monde en 2030, en 2050. Improvisez… Utilisez la visualisation positive. Pour ce faire fermez les yeux. Visualisez l’environnement : qu’est-ce qui a changé, quelles sont les conséquences directes et indirectes de ce succès ?

Puis, faites deux histoires imaginaires avec une vision pessimiste ou optimiste. Rêvez !

Vision pessimiste: tout va mal, l’environnement est catastrophique, la mondialisation fait des ravages, l’économie est détraquée, la violence est partout…Exagérez !

Que se passe-t-il pour votre projet?

Vision optimiste : les choses se sont arrangées, un gouvernement mondial régule les excès, on recycle le carbone dans de grosses machines, le temps libre est devenu la règle, on s’aime tous … Exagérez!

Maintenant, situez votre recherche d’idées dans chacun de ces contextes contrastés.

Que se passe-t-il pour votre projet? Cherchez d’abord des idées pour 2050, notez-les, puis ramenez-les à l’année prochaine !


h) de l'histoire imaginaire au rêve éveillé collectif

Les participants racontent une histoire imaginaire. Les participants, les yeux fermés, sont réunis en cercle, assis ou allongés dans une position confortable. L’animateur propose une image de départ : Par exemple : « Je vois un champ de blé ondulant sous le vent… ». On associe d’abord sur son voisin, en tournant, puis librement, chacun intervenant quand il le sent. Peu à peu, le groupe construit un récit imaginaire en introduisant éventuellement des éléments fantastiques, sans en faire un principe. On est prêt pour faire une histoire fantastique.

on se prépare à rêver sur des sujets pratiques, banalisés, adaptés à notre recherche : « nous allons visiter le coffre arrière d’une voiture » « nous allons visiter la société X qui fabrique des savonnettes » « nous allons visiter un lycée de banlieue à différents moments de la journée ».

Le rêve éveillé collectif. A la différence de l'histoire imaginaire, les participants ne décrivent pas une image, ils sont « dedans », ils « voyagent » dans l’image. Dans la pratique, les participants sont allongés sur le dos, en étoile, la tête au centre et se tiennent par les mains. L’animateur commence par décontracter le groupe (exercices de relaxation). En phase de formation, il commence par une image aussi suggestive que possible pour faire « partir » les participants. Par exemple : « Nous nous élevons lentement dans les airs, le toit s’ouvre, c’est la nuit, nous continuons à monter de plus en plus haut. Vous sentez l’air frais ?... etc…

Puis chacun décrit son voyage personnel : j'avance sur le sol spongieux, je m'enfonce.. oui, je te vois, tu as besoin d'aide ? je suis devant une maison, je pousse la porte… j'ai froid, … etc.

En situation de recherche d’idées, le thème du rêve est lié au problème : nous allons visiter un moteur, une ville nouvelle, une entreprise. Attention de ne pas oublier le problème de départ, de se perdre dans le rêve…L'animateur doit y veiller !







[1] Henri Poincaré. Science et méthode. Paris Flammarion. 1908. Je m'appuie ici sur la présentation publiée en annexe du livre de Cédric Villani : "les mathématiques sont la poésie des sciences. Edition Champs.2018. [2] Friedrich August von Kekulé, était professeur de chimie à Gand [3] Arthur Koestler. Le Cri d'Archimède. Calman Levy. 1964 [4] Poincaré, à cette époque appelle l'inconscient : "le moi subliminal". Nous sommes en 1905! [5] Clotaire Rapaille. Culture codes. JC Lattès. 2006. [6] Arthur Koestler. Le cri d'Archimède. Calmann Leny . 1960 [7] cf notre livre "Guy Aznar, Stéphane Ely. " La posture sensible" .Amazone.

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