top of page

Volver

Dernière mise à jour : 4 juil. 2020





Verbe espagnol qui signifie "revenir".

Mon père a passé les premières années de sa vie

au pays de Gardel qui a chanté le tango "volver".

Un poème qui résume ma vie

Revenir à l’impatience des notes acides et vertes

du piano dans l’air lourd qui courbe les trémières

à l’heure trouble des siestes dans la maison déserte

où rode sous les ombres le désir incendiaire.

Sous les premiers tilleuls aux effluves tisanes

effleurer les genoux des jupes découvertes,

insouciance du temps où les mots légers flânent

quand glissent les regards vers les blouses entrouvertes.

Retourner sur les pentes des premières collines

sur un vélo ancien lesté comme du plomb

pour le premier départ, l’évasion clandestine

pour dévorer le monde d’un élan vagabond.

Les draps tordus de rage comme autrefois Cendrars

fuir en Transsibérien aux confins de la Chine

lancer sa vie aux dés, aux défis du hasard

vers un ciel sans limite que les yeux hallucinent

Retrouver dans ses reins les forces en croissance,

le Stream tourbillonnant qui s’élance en spirale

et propulse l’ouragan de son adolescence.

Lancer la fulgurance des vagues viscérales

vers l’aplomb des falaises pour arracher les pierres

du passé, broyer le temps, son ordre minéral

réduire les traditions en poussières glaciaires.

Détruire, casser, brûler, en fête bacchanale

Recommencer encore à brûler les icones,

mettre en cause les dogmes, les rites Esséniens,

réinventer le monde, jouer les Antigone

cranes rasés, cheveux hirsutes, rites païens

s’afficher sur les murs, occuper des Sorbonne

bruler en effigie les bourgeois exécrables

railler « les retraités qui tisonnent le sable »

dont se moquait Rimbaud à quinze ans en Argonne.

Redécouvrir le monde, vêtu d’un blouson noir

pour fouiller les déserts et les îles lointaines

qu’on rêvait encore vierges, qu’on croyait en mémoire

dans l’air bleu et si calme des palmes de Verlaine.

Rochers où désormais les déchets se déversent

envahis par les foules comme une algue lépreuse

où il reste à pleurer aux vers de Saint John Perse

les « fêtes boréales aux mains de l’habilleuse ».

Re-souvenir le jouir comme disait Gauguin

dans les îles Marquises. Voir le soir, effronté,

un corps qui se dévêt des reflets sur les seins.

Sentir le bois de cade dans la chambre bleutée

les tresses dénouées. Bras levés la soie glisse

dans un tendre soupir sur le parquet ciré.

Les bras forment une liane comme un volubilis

sous la lueur de la lune. Le temps s’est arrêté.

Repartir en enfance au cercle chaud des mères,

des sœurs, des cousines. Autour de l’abat-jour

s’enfouir les bras aux bras, au rempart, au repaire,

dans l’odeur de l’étable, la tiédeur de l’amour.

La tendresse coule en miel à Noël le matin

quand on frotte son front aux robes de velours.

Un enfant est parti, je sens encore sa main

qui m’accompagne, il ne m’a pas manqué d’un jour.

Revivre : la nostalgie faut lui tordre le cou !

Volver ! La vie va faire résilience.

Forget, again, pas peur, on s’élance vent debout

ce matin on lève l’ancre pour la vie en partance,

ce matin on a chaussé des semelles de vent.

Le fond du ciel est clair on aura sa clémence,

les drisses et les haubans dorment sur le gréement.

Ça va ? Ca va ! Tu vas où ? J’sais pas : j’recommence !

37 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page